1. L’analyse musicale, une discipline autonome ? Marie-Noëlle Masson et Jean-Pierre Bartoli - 28 juin 2017, 9h30-10h30, amphithéâtre Cavaillès

Sommaire

Le 28 juin 2017
de 09h30 à 10h30

Le Patio (université de Strasbourg)
22 rue René Descartes, 67000 Strasbourg
amphithéâtre Cavaillès

Conférence plénière

Pré-acte / Acte

Auteurs : Marie-Noëlle Masson et Jean-Pierre Bartoli

     La rencontre de l’Euromac 9 a d’emblée posé la question majeure du « futur de l’analyse musicale ». Or, cette interrogation implique que le devenir problématique de l’analyse découle d’une mise en question de ce qui, dans le passé, l’a constituée en tant que discipline caractérisée, autonome, « graphocentrée » et, en quelque sorte, « autotélique ». Cette conférence aura pour objet de révéler les implicites épistémologiques de cette interrogation. Les questions sous-jacentes concernent, pour l’essentiel, l’objet de l’analyse : d’un côté, le contenu formel de la musique, langage réservé qui ne renvoie qu’à lui-même, de l’autre, le fait musical « total », la musique en tant que « discours » singulier sur le monde. Par conséquent, une opposition problématique entre un « langage musical » et un « discours » extramusical.

     Nous aborderons cette étude en parallèle de ce qui s’est passé, de manière analogue, dans les études littéraires et qui n’a pas été sans incidence sur les études musicologiques. Les années 1960-70 ont été celles d’une importante transformation épistémologique du champ des études littéraires et de la configuration d’une science du « poétique ». Elle forgeait les outils pour une analyse formelle rigoureuse des œuvres. Dans cette dynamique, l’analyse des œuvres musicales a, comme d’autres domaines de l’art, tiré profit de l’apport des sciences littéraires. Ce sont précisément les paradigmes empruntés à la linguistique et à la sémiologie qui ont contribué à renforcer l’institutionnalisation et à l’autonomisation de l’analyse musicale. Or, par la suite, et dans un mouvement d’élargissement de l’analyse littéraire, les auteurs même de cette transformation, à l’instar des tenants de ce qu’on a appelé la New musicologie, déclaraient, après avoir répété que « la littérature était un langage qui trouvait sa fin en soi-même » il était « temps d’en venir […] aux évidences qu’on aurait pas dû oublier : la littérature a trait à l’existence humaine, c’est un discours ». Différemment conceptualisée selon les contextes historiques ou géographiques, cette opposition fait encore débat et conduit à concevoir différemment le statut de la théorie musicale selon les pays. Néanmoins, cette question engage inévitablement une redéfinition des objectifs et des méthodes en analyse musicale.

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