Programme de recherche « Création et production »

     Le programme de recherches « Création et production » vise, à travers les orientations des différents groupes qui le constituent, à développer des travaux qui s’inscrivent sur l’arc dynamique de la production artistique (musicale, cinématographique, hybride), de l’intention initiale et des conditions d’émergence de l’œuvre à son processus d’élaboration puis sa performance. Il s’agit aussi d’envisager le processus de création comme lieu d’interactions entre ces différentes étapes. La question de l’interprétation et de la performance est également au cœur de plusieurs chantiers portant sur différentes époques et cultures musicales avec des problématiques touchant à l’improvisation, la transmission écrite ou orale, l’évolution des notations et la gestualité. Ces problématiques sont abordées selon des approches interdisciplinaires convoquant, selon les projets, histoire culturelle et politique, diplomatie culturelle, histoire des sciences et des techniques, physique acoustique, archéo-acoustique, musicologie computationnelle, technologie de motion capture, research-led practice. Ce programme regroupe des chercheurs issus des champs de la musicologie, de la physique acoustique, de l’informatique et des études cinématographiques. Actuellement, trois champs de recherche sont étudiés et approfondis par plusieurs groupes de travail.

1. Critique génétique et historiographique de la musique moderne et contemporaine

     Les travaux menés s’inscrivent dans la musicologie des processus de composition et portent sur les processus de genèse des œuvres musicales, tels qu’attestés dans les dossiers d’esquisses laissés par les compositeurs, mais aussi sur leurs contextes d’émergence et la manière dont se sont constitués les récits historiographiques sur l’avant-garde musicale des soixante-dix dernières années. Ils sont développés à partir de l’étude de fonds d’archives conservés dans des institutions nationales et internationales (Bibliothèque nationale de France, fondation Paul Sacher) mais participent également à la valorisation des fonds d’archives de compositeurs, artistes et acteurs de la vie culturelle conservés à la Bibliothèque Nationale et Universitaire et dans les fonds patrimoniaux de la Médiathèque Malraux de Strasbourg.

     Le groupe de travail « Genèse des œuvres musicales modernes et contemporaines » aborde le champ en pleine expansion de la critique génétique dans l’étude de la musique des XXe et XXIe siècles en se nourrissant de la politique d’acquisitions d’archives de compositeurs, d’interprètes ou d’institutions de diffusion menée par les grands centres de conservation.

     Grâce au riche patrimoine archivistique local, nourri par la politique d’acquisition d’archives de compositeurs menée depuis une dizaine d’années par la BNU de Strasbourg, mais présent également dans les fonds patrimoniaux de la Médiathèque Malraux, les chercheurs et étudiants du groupe de travail « Archives des compositeurs » peuvent réaliser des travaux d'expertise et de valorisation sur ces fonds.

     Les travaux du groupe « Etude des institutions de diffusion de la musique moderne et contemporaine » portent sur des institutions spécifiquement dédiées à la diffusion de la création musicale, telles que des festivals, saisons, ensembles, étudiées dans une perspective de critique historiographique convoquant également politique culturelle, diplomatie musicale, sociologie des publics, cold war music studies, etc.

2. Création artistique et cultures populaires

    Le groupe de travail « Regards sur la musique populaire » croise différentes approches méthodologiques et disciplinaires autour de la musique dite « populaire », notamment l’analyse musicologique, l’analyse expérimentale, les perspectives historiques, sociologiques et économiques, les questionnements esthétiques, les études culturelles et l’interdisciplinarité artistique (notamment avec la littérature, le design, le cinéma, la danse…)., avec pour objectif de tirer pleinement parti de l’agrégation et de la confrontation de visions différentes sur cet objet d’étude afin de l’appréhender dans toute sa complexité.

     Le groupe travail « Imaginaires de l'écoute » se propose d’étudier en quoi l’abstraction de la musique de toute représentativité intrinsèque permet au cinéma de réfléchir à la libération des images de leurs nécessités illustratives, à partir d’un corpus allant de Germaine Dulac à Jean-Marie Straub et Danièle Huilliet.

1. Performance de musiques contemporaines

     Le groupe « La voix dans les musiques des XXe et XXIe siècles » vise à développer l’étude des écritures vocales depuis 1950 ou l’improvisation, ainsi que certains répertoires vocaux peu étudiés jusqu’à présent, en particulier les vocalités de type asiatique, dans une perspective de practice-led research.

     Le groupe « Recherches sur les percussions contemporaines » propose de mener des recherches combinant practice-led research et research-led practice, et touchant tant la création savante que les pratiques de musiques actuelles ou les musiques traditionnelles, avec un intérêt particulier pour les interactions entre ces différents domaines.

     Les recherches du groupe de travail « Histoire orale sur les interprètes historiques de la musique d’avant-garde » rejoignent en partie celles du groupe de travail « Etude des institutions de diffusion de la musique d’avant-garde » dans la mesure où le groupe vient documenter la diffusion de la musique d’avant-garde en France à partir des années soixante. Des entretiens avec des interprètes « historiques » actifs à cette époque sont menés, aboutissant à la constitution d’archives audiovisuelles, et de publications papier.

2. Performance de musiques anciennes

     Le groupe de travail « Acoustique médiévale » étudie les phénomènes acoustiques lors de l’exécution de musique polyphonique médiévale et leur incidence sur la pratique de la musica ficta.

     Les recherches menée par le groupe « Musique instrumentale à la cour des Gonzague au XVIIe siècle » sur la pratique instrumentale à la cour de Mantoue au début du XVIIe siècle s’inscrivent dans les problématiques de Research in music performance ainsi que de Practice-led research. En effet, la riche documentation sur la production, l’emploi et le rôle joué par la musique instrumentale dans le cadre de la chapelle palatine (espace profane) et de la chapelle S. Barbara (espace sacré) fait de la cour des Gonzague un exemple idéal pour étudier la contiguïté et la convergence entre « l’acte musical », les différents domaines de la production artistique (théâtre, littérature, architecture) et les multiples phénomènes sous-jacents à ce contexte socio-culturel particulier (liturgie, propagande politique, etc.).

     Le projet et réseau international ACTOR (Analysis, Creation and Teaching of Orchestration - Analyse, Création et Enseignement de l'orchestration) dirigé par Stephen McAdams (Principal Investigator) vise à stimuler l'intérêt pour le timbre et l'orchestration ainsi que leur utilité musicale au sein du milieu académique, des pratiques musicales et du grand public en sollicitant la participation d'artistes, de chercheurs en sciences humaines et de scientifiques de renommée mondiale. Ce partenariat met en relation les pratiques et la pédagogie de l'orchestration nord-américaine et européenne, et encourage le développement de nouveaux outils numériques stimulant la créativité lors de l'apprentissage, de la création et de l'étude de l'orchestration dans les musiques de concert, populaires, de film et de jeu vidéo. En plus, il cherche à sensibiliser les auditeurs plus jeunes aux merveilles et à la complexité d'une musique de haute qualité.

     ACTOR a pour but :

• de transformer la recherche en musique grâce à l'application de nouveaux outils analytiques, et à travers le développement d'outils d'analyse basés sur le son ;
• de transformer des méthodes d'investigation dans divers domaines liés à la musicologie ;
• d'enrichir l'enseignement aux compositeurs, aux arrangeurs et aux orchestrateurs en leur fournissant de nouveaux outils technologiques pour l'apprentissage ;
• de créer des outils stimulant la créativité musicale en lien avec le timbre et l'orchestration dans une variété de genres musicaux.

     Intéressé par l'objet poursuivi, le CREAA collabore avec ACTOR depuis 2017 (GREAM de 2017 à 2020) et a créé plusieurs groupes de travail internes au CREAA ou au projet ACTOR lui-même.

1. Collaborations aux groupes de travail Actor

     Le groupe de travail « Timbre et orchestration (ACTOR) » du CREAA vise à donner un aperçu des travaux actuels menés tant en France qu’à l’international dans le champ du timbre et de l’orchestration.

     Le groupe de travail « East-Asian Music » d'ACTOR étudie des œuvres du compositeur Yang Ling selon les protocoles d’analyse développés au sein d’ACTOR.

2. Projet APCOR

     L’objectif principal du groupe de travail « APCOR (Analyse des pratiques créatives en orchestration) » mené en collaboration avec la HEM de Genève et Sorbonne Université est d’analyser les pratiques créatives relatives à la composition, l’interprétation et leurs multiples interconnexions, du point de vue du timbre et de l’orchestration. Il vise à promouvoir et à documenter la résolution collaborative de problèmes d’orchestration entre interprètes et compositeurs ou compositrices, dans une perspective de recherche-création.